On se demandera si le plaisir de battre à répétition une peau résonnante est né du besoin, non de marquer seulement le rythme, mais de participer encore de quelque manière à la gesticulation générale. Taper sur le premier objet venu, chaudron, pot de terre ou tronc d’arbre, c’est répondre autant à un réflexe primaire qu’à un geste qui ébranle les nerfs comme une épilepsie musicogénique. Il y a une différence considérable entre frapper un objet et faire jaillir de lui sa propre vie et sa propre voix en l’amadouant : d’un côté, il y a un acte borné, insensible et brutal, de l’autre une animation créative. Fessée joue de cette différence avec la percussion comme instrument frénétique d’une pensée suffisamment forte pour l’organiser et l’utiliser à des fins profondément musicales. Non comme un spectacle plus ou moins exotique, plus ou moins primitif, qui utilise avant tout les surprises et les délices d’une promenade dans un bazar surchargé, mais comme un procédé d’exploration clinique destiné à apprécier les limites et la compacité de ses organes sonores.